Adapter sa communication en fonction de la personnalité de son collaborateur




A partir d'entretiens avec des psychologues du travail, il a été intéressant de s'interroger sur les problèmes de communication qu'il pouvait exciter à cause de la confrontation de différentes personnalités au sein du cabinet.
 En effet, la vie en cabinet, en tant que communauté, est une source naturelle de conflits entre collaborateurs et cadres. 

Face aux personnalités de ses collaborateurs, le manager  doit adopter un comportement adéquat afin de permettre une relation professionnelle saine qui permet le dialogue et la partage d’idées. Pour manager ces tempéraments, il est important dans un premier temps d’analyser quelles sont les conséquences de ces personnalités sur le climat social, l’entente entre collaborateurs du service ou du cabinet, sur la qualité du travail fourni, le respect des échéances, les relations avec l’extérieur. Dans un second temps, il est nécessaire de mettre en place des mesures et d’adopter un comportement approprié aux différents comportements collaborateurs.
Cette section s’inspire d’ouvrages et documentation relatifs à la communication ainsi que d’entretiens réalisés auprès de psychologues du travail. Le but est de donner de manière synthétique, des outils  pour mieux appréhender le management des diverses personnalités.
 Afin que l’utilisation soit la plus effective possible sur le terrain, nous nous limiterons à trois comportements principaux auquel tout manager peut être confronté :
  • L’agressivité ;
  • La manipulation ;
  • Le manque de confiance en soi.
 
 La communication avec un collaborateur agressif

 

Le collaborateur qui a tendance à être agressif avec ses collègues, voire avec sa hiérarchie est de nature méfiante et risque d’adopter un comportement paranoïaque. Ce comportement de personnalité paranoïaque   peut s’expliquer par un défaut de confiance en soi et un sentiment de faiblesse face aux autres personnes du cabinet, aussi il utilise un mécanisme de défense. L’agressivité d’un collaborateur peut rapidement mener au conflit dans le service, voire dans le cabinet.
La difficulté de la situation réside dans le fait qu’il est nécessaire pour le manager de recadrer ce type d’agissement tout en temporisant la situation et éviter la situation de conflit. Si la personnalité du collaborateur évolue du fait de problèmes non professionnels, le manager doit s’entretenir le plus rapidement possible pour comprendre les motifs sans vouloir toutefois prendre la place d’un psychologue. Le manager doit attendre le moment opportun pour communiquer avec le collaborateur et surtout ne pas contre-attaquer dans l’immédiat au risque d’envenimer la situation. Il est recommandé  de répondre fermement pour calmer la situation  mais avec un maximum de tact en tentant de réorienter la discussion et de procéder à une écoute avec reformulation des « doléances ». Le manager doit indiquer dans un premier temps que la décision qui fait l’objet de désaccord est maintenue, mais qu’il a bien compris le fait qu’il y a un point de divergence. Une discussion sérieuse s’impose une fois que les tensions seront redescendues.

Lors de la « discussion de recadrage », le manager doit être clair et précis et éviter de donner matière à soupçons en annonçant clairement ses intentions, ses attentes afin de réduire la possibilité d’interprétations abusives du collaborateur. Le discours doit être positif et le but n’est pas de culpabiliser le collaborateur mais de faire comprendre l’impact de son agressivité sur le cabinet. Le manager devra éviter les plaisanteries qui risquent d’être prises pour du mépris ou de la moquerie et s’appuyer uniquement sur des faits factuels et incontestables. Il est conseillé  de consigner les faits reprochés et les décisions prises en fin d’entretien.
Au quotidien, le manager doit éviter d’isoler le collaborateur et tâcher de maintenir une relation permanente en entretenant des contacts assez, même brefs.
Enfin, le manager doit définir avec le collaborateur un périmètre d’activités dans lequel il sera autonome et responsable, en sachant peut être lui céder quelques points accessoires  en restant inflexible si les limites sont dépassées.

 La communication avec un collaborateur manipulateur

 

Manipuler est  « l’action d’orienter la conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le sens qu’on désire et sans qu’ils s’en rendent compte ».
La  manipulation est une relation à distance entre une personne qui évite le contact et une autre personne qu'elle considère davantage comme une « chose » et non comme un interlocuteur. Les manœuvres manipulatrices créent donc une perte de contact entre la personne manipulatrice et la personne manipulée.
Le collaborateur manipulateur ne cherche pas une véritable relation, parce qu'il a peur de s'exposer, d'être vulnérable ou d'être jugé par son supérieur hiérarchique ou ses collègues. En effet, une véritable relation implique un risque, que la personne manipulatrice ne veut pas courir, puisqu’elle  choisit au contraire de contrôler celles qui l'entourent.
Diverses raisons  poussent les personnes à se laisser manipuler : la personne manipulatrice touche la « corde sensible » afin de provoquer un malaise ou émotion, l’affect[2] est très utilisé par la personne manipulatrice. Cette dernière fait miroiter l’espoir d’un gain, la satisfaction d’un besoin exprimée par la personne manipulée.
Si le manager n’est pas sûr de lui même, de sa capacité à manager, de se crédibilité technique et relationnelle, le collaborateur manipulateur peut plus facilement provoquer en lui le doute, la culpabilité et affecter une de ses peurs, comme la peur d'être jugé, de ne pas s’être apprécié par son équipe….



D'après le modèle d’Everett L. Shostrom , il y a différentes sortes de manipulateurs.
 Le manipulateur actif se caractérise par une recherche active du contrôle qu'il veut garder à tout prix. Il « victimise » les autres, capitalise sur leur faiblesse et trouve sa gratification par l’exercice d’un contrôle gratuit sur les autres. Ce sont le dictateur, le juge, la brute et le calculateur. Le manipulateur passif quant à lui cherche le contrôle par des méthodes passives, utilisant des moyens subversifs. Il s’organise pour ne jamais offenser et gagne le plus souvent. Ce sont la victime, le dépendant, l’aimable et le protecteur.






Le manager concerné par un collaborateur manipulateur peut se prémunir de la manipulation en prenant conscience en premier lieu du type de manipulation auquel il fait face et tâcher de repérer les situations où la manipulation est exercée, en tâchant de répondre aux questions : Qu'est-ce que  je voulais éviter en me laissant manipuler ? Qu'est-ce que j'avais à gagner ?
Le manager doit faire le deuil d’une communication idéale avec le collaborateur manipulateur dans la mesure où la manipulation se caractérise d’une part par une communication très confuse, où le collaborateur manipulateur n’exprime pas clairement ses besoins, ses sentiments et ses opinions et ses réponses restent évasives. 
D’autre part, le non-verbal est très utilisé pour faire interpréter ses idées, montrer son désaccord. De plus, le collaborateur manipulateur fait de l’écoute sélective, écoutant uniquement ce qui l’intéresse pour s’en resservir. La solution ne viendra donc pas de lui et il nous faut impérativement trouver des moyens pour modifier cette communication faussée.

Dans ce contexte, le manager doit apprendre à « décoder » la communication du collaborateur manipulateur en ramenant la communication sur un plan purement  rationnel et professionnel basé seulement sur des éléments factuels et concrets et laisser tout affect et émotion de côté. Il est donc impératif de réfléchir avant de parler, de prendre un recul et de tout faire pour ramener une réponse sur un plan rationnel. Le manager ne doit pas hésiter à reformuler, clarifier pour comprendre les propos ou les idées du collaborateur.
Enfin, la psychologie met en avant l’importance de l’estime en soi dans ce type de relation. En effet, le manager manipulée doit faire un travail sur lui-même afin d’avoir une meilleure estime de lui et savoir s’imposer, dire non… qualités essentielles que le manager doit avoir pour s’imposer auprès de son équipe et surtout auprès d’un collaborateur qui serait manipulateur.

 La communication avec un collaborateur qui manque de confiance en soi

 

Le manque de confiance en soi d’un collaborateur constitue un réel handicap pour ce dernier mais également pour le cabinet. En effet, le collaborateur n’ayant pas confiance en lui  n’osera pas développer de nouvelles missions  ou compétences par peur d’être incompétent et limitera donc sa capacité à s’adapter au changement et à évoluer.  Ainsi, le manager a tout intérêt à développer la confiance en soi de ses collaborateurs.
Le manager doit repérer le collaborateur qui ne se pardonne aucun échec et ne s’attribue aucune réussite. Une fois repéré, le manager doit tâcher de faire des remontées positives sur les réussites du collaborateur.
 De nombreux managers n’osent pas forcément valoriser et mettre en avant les réussites de leurs collaborateurs par peur qu’en retour une demande d’augmentation de salaire soit faite. Toutefois, il convient de rappeler que le salaire n’est pas la principale motivation du salarié et que la reconnaissance de la qualité du travail et des aptitudes demeure au même titre, que le salaire, un réel critère d’implication et de motivation et que le manque de reconnaissance constitue une cause de stress dans les cabinets d’expertise comptable.
Face à une nouvelle mission, le manager ne doit pas hésiter à valoriser et rassurer le collaborateur en lui proposant au début, une mission facile avec un objectif simple et précis. Le manager peut s’appuyer sur d’autres collaborateurs pour tâcher d’assister et d’accompagner le collaborateur qui manque de confiance en soi.






1 Définition du dictionnaire Larousse.
[2Défini par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentauxcomme  « l’ensemble de comportements observables qui expriment un état émotionnel subjectivement éprouvé »
3Psychologue américain. (1921-1992).
[4Désigne la communication n’ayant aucun recours aux mots, au ton, timbre et intonation de la voix. La communication non verbale est principalement donc basée sur tout ce que est exprime non verbalement : la gestuelle,  l’énergie, le regard, les attitudes, les émotions et l’image générale qui est projetée dans la communication.
5] Cf. « Section 3 : Etat des lieux de la profession et nécessité de la mise en place d’un management  humain et pédagogique/ Etat des lieux et constat de la profession »