Responsabiliser son collaborateur

    


Le cadre et les étapes de la responsabilisation du collaborateur

 

La responsabilisation d’un collaborateur requière le respect de différentes étapes, que le manager va devoir adapter en fonction de chaque collaborateur.

 1) Prise de connaissance du potentiel et de l’autonomie de son collaborateur :

A ce stade, la Fiche outil 5 « Auto-évaluation des compétences » va permettre de vérifier si les compétences sont acquises et la Fiche outil 6  « Evaluer l’autonomie de son collaborateur » va permettre de connaitre le niveau d’autonomie. En effet si la compétence n’est pas assez maîtrisée  une action de formation de renforcement est sans doute nécessaire avant un processus de responsabilisation.

2) Proposer des tâches et des missions adaptées au potentiel du collaborateur :

« Responsabiliser un collaborateur, c’est lui donner une réelle autonomie de choix, de propositions et de décisions, en rapport avec son potentiel» [1].

Il faut distinguer une tâche  d’une mission, en effet à la différence d’une tâche, une mission implique pour le collaborateur de pouvoir proposer ou faire des choix dans une plage de choix plus ou moins grande. La plage de choix doit correspondre au potentiel du collaborateur et plus elle sera adaptée au potentiel plus le collaborateur sera motivé car il satisfera son besoin d’autonomie. Chaque poste de travail est un dosage équilibré entre différentes tâches et mission. Même un assistant comptable débutant aura au moins une mission à réaliser, même si la plage de choix est étroite.

3) Valoriser les potentiels et les missions :

Faire progresser son collaborateur peut se faire de 4 manières :
-        Augmenter le nombre de missions au détriment des tâches ;
-        Elargir progressivement les plages de choix ;
-      Changer le niveau de supervision (validation des choix proposés/ validation a posteriori des choix/contrôle des résultats).
-        Confier de nouvelles missions.

Valoriser le potentiel d’un collaborateur est donc permettre au collaborateur de faire des vrais choix, adaptés à son autonomie et à son potentiel. Rappelons qu’en fonction du potentiel, le niveau de contrôle devra être adapté.

Valoriser les missions nécessite une connaissance et une prise de recul sur les processus internes du cabinet. La valorisation des potentiels ne pourra se faire uniquement dans une structure fonctionnelle, organisée, où les rôles sont clairement identifiées  mais suffisamment souple pour permettre la réalisation des missions dans l’intérêt du cabinet et de l’autonomie des collaborateurs.
Le manager doit impérativement préciser les missions réelles de ses collaborateurs, les missions clés, pour un poste de travail, on considère qu’il y a entre 3 et 7 missions clés.

4) Fixer des objectifs stimulants :

« Lorsque vous ne savez pas où allez, votre voyage a des chances de mal de se terminer avant même que vous ayez pu vous en apercevoir »[4]

Avant de fixer les objectifs à ses collaborateurs, le manager doit analyser les buts souhaités et même une fois les objectifs fixés, il est conseillé de revenir de temps en temps aux buts afin de ne pas s’en éloigner et ne les perdre de vue.
La méthode SMART  indique les caractéristiques que doit avoir un objectif pour maximiser, dès le départ, les chances de réussite de l’atteindre.

Un objectif doit répondre à 5 critères :

 Spécifique : il doit être propre à un collaborateur (sa qualification, son poste de travail)  et ne pas dépendre d'éléments dont il n'a pas la maîtrise.
 Mesurable : l’avancement du collaborateur doit être clairement mesurable et objective, aussi, des indicateurs chiffrés doivent être rattachés à l’objectif à atteindre.
Accessible : ce critère (sans doute le plus subjectif) prend en compte autant les compétences du collaborateur que sa motivation et son envie réelles de le réaliser.
 Réaliste : Bien qu’ambitieux, un objectif doit rester réalisable, sinon cela risque d’être une source de démotivation pour le collaborateur. Un objectif réaliste est un objectif qui est compatible avec les ressources disponibles du cabinet, que ce soit au niveau financier, ou au niveau du temps que le collaborateur pourra y consacrer.
 Temporellement défini : Sans date limite, aucun objectif n’aboutit jamais. Ne pas fixer de date butoir, c’est la porte ouverte à la procrastination (tendance à remettre toute action au lendemain).


5) Savoir déléguer :
Cette partie est traitée dans l'onglet  « Déléguer et superviser ».

6) Passer un "contrat de management" avec chaque collaborateur :

Le manager doit adapter son mode de management en fonction de chaque collaborateur [6]. En fonction de la compétence et de la motivation de chacun, le niveau de progression va varier, il convient donc de proposer en fonction de ses derniers critères, un mode de progression, qu’Henry Ranchon formalise sous forme de contrats .
Un contrat managérial ne doit pas forcément être  formalisé. Le contrat formalisé doit rester l’exception afin d’éviter toute rigidité.
Dans le cas où le contrat est formalisé, il doit porter seulement sur les activités principales du collaborateur. Il y a une possibilité de contrats simplifiés qui consistent à distinguer les collaborateurs  qui ont besoin d’être mis sous pression (objectifs nombreux pas trop difficiles avec des contrôles et briefings fréquents sur les activités réalisés)  et ceux qui n’en ont pas besoin (objectifs moins nombreux mais suffisamment ambitieux, contrôles moins fréquents portant sur les résultats).


 La formation du nouveau collaborateur

Former un nouveau collaborateur se fait par étapes et concerne toute personne, hiérarchique ou fonctionnelle, amenée à assurer l’encadrement et l’intégration d’un nouveau collaborateur. Le manager doit s’interroger sur les leviers  qui vont permettre au collaborateur d’atteindre le niveau de compétences exigé pour le poste de travail. Il en effet utopique de croire que dès son arrivée, le collaborateur sera entièrement opérationnel dans ses fonctions. Même si ce poste a déjà été occupé dans un autre cabinet, l’organisation et le contexte de travail a changé et demande au nouveau collaborateur de devoir s’y adapter.
 
En effet, le manager doit être en mesure :
- d’analyser et formaliser sa propre activité professionnelle dans le but de pouvoir transmettre son savoir et son savoir-faire.
- d’élaborer et organiser un dispositif de formation individualisé, tenant compte de la nature de l’activité, du profil du collaborateur, des ressources disponibles mais également des contraintes liées au contexte de travail et au temps (il est bien évident qu’il est déconseillé d’embaucher un nouveau collaborateur pendant la période fiscale).
- d’assurer la formation, le suivi de la progression et le contrôle des résultats.
La formation et le développement des compétences du nouveau collaborateur est une démarche participative qui intègre le collaborateur lui même, le supérieur hiérarchique mais également l’ensemble de l’équipe (cabinet ou service selon la taille du cabinet).

Le nouveau collaborateur doit s’engager sur des résultats à atteindre au regard du potentiel décalage entre son niveau de compétence actuel et celui exigé par le poste. Pour cela, il pourra comparer la Fiche outil  5 « Auto-évaluation des compétences » qui l’a remplit lors de son entretien d’embauche avec les compétences requises sur sa fiche de poste.
 L’équipe pourra être sollicitée pour repérer les activités sensibles ou qui nécessitent une réelle montée en compétences, des tâches les plus simples (explication de documents) aux plus complexes en travaillant en binôme.

Les conditions de suivi d’un parcours de formation de ses collaborateurs

 

L’EC est le premier acteur dans le développement des compétences de ses collaborateurs, qui pourra se faire uniquement grâce à un suivi constructif de la part de ce dernier. Ce suivi a sur 2 dimensions :

-une dimension technique : le manager doit tâcher de connaitre les compétences acquises de ses collaborateurs mais doit avoir également une vigilance  sur les compétences non utilisées, non acquises ou celles qui sembleraient stimuler ses collaborateurs ;
-une dimension humaine : il doit favoriser un climat où est favorisé la communication, son expression et celle de ses collaborateurs.

Ces dimensions peuvent souvent rompre avec le quotidien professionnel où la majorité du temps de l’EC est consacrée à la décision rapide et à l’information descendante. Aussi, il est recommandé de définir en fonction de la taille des équipes, une organisation de l’encadrement et de ce suivi de formation des collaborateurs du cabinet. Selon Gérard Rodach [7] une équipe de  8 collaborateurs est la taille optimale pour un bon suivi personnalisé. Au delà de 10, il est souhaitable de déléguer ce suivi à « des chefs de pôle » (à l’occurrence tout cadre du cabinet en charge d’une équipe ou d’un service).

D’après une enquête [8] menée par le cabinet de recrutement Hays en 2012, pour 78 % des collaborateurs de cabinet d’expertise-comptable, il est préférable que la taille de l’équipe ne dépasse 5 collaborateurs afin de pouvoir bénéficier d’un management optimal. En effet les collaborateurs sont particulièrement sensibles à la disponibilité et à l’écoute de leurs managers.

Un ensemble d’outils permettant  à l’EC d’assurer un suivi du développement des compétences de ses collaborateurs dans le cabinet:

▪Les réunions d’équipe :
 Ces dernières sont malheureusement trop souvent axées sur l’information descendante mais devraient être davantage utilisées pour permettre de résoudre ensemble des problèmes techniques rencontrés par un des collaborateurs. L’EC et ses collaborateurs vont pouvoir partager « les bonnes pratiques », proposer des axes d’améliorations…

▪Les entretiens d’évaluation :
L’entretien d’évaluation est le moment privilégié permettant l’échange et la communication entre l’EC et le collaborateur. Il va permettre la possibilité de faire ensemble le point sur l’année écoulée, la réalisation des objectifs qui avaient été fixés  (cf section 3 du chapitre 2 de la deuxième partie de ce mémoire)

▪Le tutorat et le coaching :
Le tutorat consisterait  à désigner dans le cabinet, un tuteur (hors hiérarchie) personne qui a de l’expérience afin accompagner  un collaborateur. Il s’adresse régulièrement à des collaborateurs débutants (dans le cadre de contrats en alternance) et vise leur montée progressive en compétences. Ce mode d’accompagnement peut être utilisé pour tout collaborateur en phase de formation professionnelle sur un nouveau poste ou qui vient d’intégrer le cabinet. Le coaching a pour mission l’accompagnement au quotidien des collaborateurs. L’EC va permettre à ces derniers de s’exprimer et les pousser à répondre eux-mêmes aux questions qu’ils se posent, en les écoutant, en les aidant à prendre du recul sur des problèmes rencontrés,  les guider vers des axes de progrès.

▪La formation :
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la formation ne représente pas une partie majoritaire dans le développement des compétences de ses collaborateurs.

[1] HENRY RANCHON : « Construire votre management d’équipe » ESF Editeur, page 168
[2] Consultant, formateur, coach en qualité et management et enseignant à Paris V.
[3] HENRY RANCHON : « Construire votre management d’équipe » ESF Editeur, page 169
[4] Robert F.MAGER « Définir les objectifs pédagogiques » Editions Bordas
[5]Selon le dictionnaire Larousse, la procrastination est une «  tendance à remettre toute action au lendemain ».
[6] Cf. onglet « Adapter son management en fonction de la maturité et de l’autonomie du collaborateur.
[7] Directeur d’un cabinet de conseil et de formation spécialisé dans le développement des équipes et maître de conférences à Sciences-Po Paris.
[8]  Etude de rémunération / RH, Audit & Expertise Comptable 2011-2012, auprès de 14 000 EC et 4000 collaborateurs.