L'entretien annuel d'évaluation

         

 L’entretien d’évaluation : véritable acte de management

 

Manager  depuis une « tour d’ivoire » peut être dangereux. L’entretien d’évaluation permet à l’EC d’avoir un échange privilégié avec ses collaborateurs, en offrant la possibilité de faire ensemble le point sur l’année écoulée, la réalisation des objectifs qui avaient été fixés.
Durant cet entretien, une projection vers l’année à venir est faite, en permettant à l’EC de fixer de nouveaux objectifs et recueillir auprès des collaborateurs leurs besoins en termes de formation.
Cet entretien va être l’occasion pour les collaborateurs d’exprimer leurs attentes vis-à-vis d’évolution de poste, de rémunération, leurs craintes et leurs souhaits divers.
 Les entretiens annuels vont également permettre d’apprécier les compétences des collaborateurs à travers l’analyse de la réalisation des objectifs qui avaient été  fixés.
Enfin, dialoguer avec ses collaborateurs va permettre au manager d’apprécier le  climat social du cabinet et voir le niveau de satisfaction ou de stress des collaborateurs.
D’après une enquête réalisée en 2012, 72 % des cabinets d’expertise-comptable interrogés (1000)  réalisent des entretiens avec leurs collaborateurs. Selon la taille des cabinets, nous pouvons constater certaines disparités.


Connaitre les attentes et les craintes de ses collaborateurs


Comme tout acte de communication, l’entretien d’évaluation constitue un échange et un lieu d’expression autant pour le collaborateur que pour l’EC. C’est le moment opportun pour que le collaborateur puisse exposer ses craintes et ses attentes.

Toutefois, le lien de subordination, le contexte, le manque de confiance en soi, la peur de vexer ou se faire mal voir peut rendre difficile l’expression par le collaborateur de ses craintes et de ses attentes. L’EC doit rendre acteur le collaborateur et en aucun cas le plaçait en simple « spectateur ». Il doit susciter un climat de confiance et d’écoute.
L’EC qui encadre une équipe importante (plus de 8 collaborateurs) ne peut pas connaitre l’ensemble de ces collaborateurs.
Aussi, l’entretien doit être préparé au préalable par chacune des parties et afin de ne rien oublier,  il peut être judicieux d’envoyer à chacun d’entre eux quelque temps auparavant une fiche d’auto-évaluation (cf. Fiche-outil 5 Auto-évaluation des compétences ») et questionnaire permettant de recueillir l’ensemble de leurs attentes sur différents points.

Les attentes des collaborateurs peuvent être diverses et variées:
- Attente de reconnaissance et de valorisation (notamment  à travers une revalorisation de poste ou de salaire)
- Attente de responsabilisation (que l’EC notamment lui confie des dossiers plus techniques)
- Souhait de suivre une formation particulière
- Souhait de modifier certains termes du contrat de travail (passage en temps plein...)

Les craintes des collaborateurs sont liées à la peur de recevoir des reproches ou de ne pas être reconnu, entendu.

Afin de satisfaire le besoin d’estime et de considération de ses collaborateurs, l’EC doit montrer son intérêt à apporter une réponse à leurs attentes et doit donc les  noter en vu de leur traitement. Sachant, que le traitement des attentes conditionnera la perception qu’auront les collaborateurs du résultat, des effets de l’entretien et du niveau de confiance envers leurs supérieurs hiérarchiques. Toute remarque, conseil même dite de façon désagréable reste un conseil et pourra être constructif pour le cabinet, dans la mesure où il peut mettre en évidence un dysfonctionnement de celui-ci à améliorer.

Les sujets qu'il faut  aborder 

L’entretien va permettre de faire le bilan de l’année écoulée, de faire le point sur l’accomplissement des objectifs fixés et des problèmes rencontrés.
Il est conseillé de récupérer le compte-rendu de l’entretien d’évaluation de l’année dernière. L’EC doit être s’efforcer d’être concret en s’appuyant sur des situations observables, preuves probantes et ne pas s’appuyer sur des « on dit » ou autres rumeurs. La critique doit porter sur le travail et non sur l’homme.
La définition des nouveaux objectifs est un moment clé de l'entretien. L’EC ne doit pas hésiter à rentrer dans le détail de la réalisation de ces objectifs notamment en termes de délai de mise en œuvre, des moyens mis à disposition, de critères d'évaluation.
En effet, des objectifs mal définis initialement seront une source d'opposition l'année suivante, au moment du bilan et diminuent la productivité des collaborateurs.


Les sujets qu'il faut  éviter


L’entretien d’évaluation est avant tout axé sur la performance, car sont analysés la réalisation des objectifs qui étaient établis et sont fixés les nouveaux.

L'entretien d'évaluation ne doit pas être troublé par des négociations sur le salaire ou une promotion. En revanche, il est important d’informer dès le départ que ces questions ne seront pas abordées lors de l'entretien.

Ne pas négocier ne veut pas dire occulter la question. Il faut s’attendre à ce que le collaborateur profite de cette occasion pour faire passer le message qu’il souhaiterait bénéficier d’une augmentation de salaire. L’EC doit montrer qu’il a compris son message  mais il doit revenir aussitôt sur le centre du sujet, à savoir l’évaluation du collaborateur.
Toutefois, lorsque l’EC présentera les objectifs à atteindre pour l’année à venir, il peut être opportun d’aborder la question d'une éventuelle motivation financière qui leur serait associée ou une potentielle promotion professionnelle.
L’échange doit rester seulement professionnel et aucun sujet affectif ne devrait être abordé dans la théorie afin que l’entretien reste constructif mais l’entretien est souvent l’occasion pour le collaborateur de « vider son sac » lorsqu’il fait part de ses attentes et de ses craintes.

Le moment opportun pour  communiquer avec son collaborateur


Il est difficile  pour l’EC de trouver un moment de communication efficace avec les collaborateurs dans les urgences du quotidien. Aussi, l’entretien d’évaluation est l’occasion privilégiée pour permettre cette communication. Il faut mener le  collaborateur à s’exprimer sans censure, à s’auto-évaluer et accepter le feedback positif et négatif. Le contexte doit favoriser la communication, aussi, il est recommandé d’organiser l’entretien dans un endroit calme, loin des ordinateurs et des téléphones portables et de prendre le temps de nécessaire pour faire l’entretien (minimum 1 heure). Il est évident que ce dernier et entretien sera organisé en période calme, hors période fiscale.
Un certain nombre de  documents doivent servir de trame au dialogue tels: l’évaluation de l’année antérieure, l’historique de la formation du collaborateur (curriculum vitae, points forts constatés…), le recueil des éléments majeurs de l’année écoulée (résultats économiques du cabinet ou du portefeuille-clients, les objectifs de l’année en cours à évaluer, activités en essor, des missions particulières réalisées…) , l’ensemble des renseignements administratifs et juridiques du collaborateur (contrat de travail avec avenant, dossier personnel…), la grille d’auto-évaluation  (cf. fiche-outil 5« Auto-évaluation des compétences »).

L’EC mène l’entretien et doit poser des questions ouvertes.

Il est essentiel d’exposer le déroulement de l’entretien : le bilan de l’année écoulée, la fixation des nouveaux objectifs et toujours laisser la place à d’éventuelles remarques.
 Le fait majeur est de se mettre d'accord initialement sur les points qui seront abordés et ceux qui ne le seront pas, pour éviter les désillusions et les risques de conflits.
Ensuite, tout au long de l'entretien, le principe est de donner la parole en premier au collaborateur. L’EC peut ensuite rebondir, confirmer, ajouter des points. Cela permet un échange plus ouvert que si l’EC exprimait immédiatement son point de vue. La reformulation peut permettre d’éviter les malentendus et les non dits : « si j’ai bien compris vous faites référence à ce dossier ? ».

Pour la mise au point sur les « contre-performances », il est conseillé que ce soit  le collaborateur qui s'exprime en premier. En fonction de son profil, l’EC parlera de "points à améliorer" et non pas de « fautes », « d’erreurs », de « problèmes ».
Dans l’hypothèse où le collaborateur parte dans une justification sans fin de ses mauvais résultats,  notamment la faute à tel collègue, telle absence de moyens ou telle donnée conjoncturelle, il est recommandé de mettre fin à ce dialogue et tâcher de revenir sur le débat central : l’évaluation et la performance professionnelles et tâcher de chercher ensemble des solutions. En cas de réticence ou de passivité avérée de la part du collaborateur à l’entretien d’évaluation, l’EC doit lui expliquer clairement les enjeux de celui-ci en lui exposant la finalité de ce dernier, l’évolution professionnelle.







[1  Résultats de l’enquête « Gestion des Cabinets d’expertise-comptable » menée par TNS Sofres à la demande de l’Observatoire de la Profession du CSOEC en  juillet 2012.